Régions : de l'ambition à l'action

jeudi 30 novembre 2017 Écrit par  Jean Planet

Le rapport d'octobre 2017 de la Cour des Comptes sur les finances publiques locales note que nos 13 régions métropolitaines, « bien que plus grandes en superficie et en population, ne peuvent toujours pas être comparées à leurs voisines européennes aux compétences beaucoup plus larges. Ainsi, le seul budget de la Bavière correspond au double du budget de l’ensemble des régions françaises. »

Gageons que la Cour, qui connaît comme nous l'histoire des régions allemandes – entités séculairement autonomes, regroupées par la Prusse il y a à peine plus d'un siècle, et qui restent politiquement et culturellement marquées par ce passé – ne peut être surprise des différences actuelles, mais qu'elle affirme ainsi, avec raison, son souhait d'un renforcement des compétences régionales en France.

Pour preuve d'ailleurs, elle regrette que « les transferts des compétences des départements vers les régions et les métropoles ont été limités au regard du projet de loi NOTRe… »

L'avenir semble donc tout tracé : gérer au mieux et avec dynamisme les chantiers actuels, pour préparer un nouvel élargissement inéluctable des compétences régionales.

Conscients de ces défis et désireux de les relever, une grande majorité de Présidents de régions, s'exprimant dans une tribune libre du Monde (28 septembre 2017), actent que « les régions sont désormais compétentes sur les principales préoccupations de nos concitoyens… » et demandent à l'État de choisir « de s'appuyer sur les régions pour mener à bien les réformes utiles à notre pays ».

Cette volonté affirmée des régions d'élargir leur rôle dans le développement national et européen pose bien évidemment la question des moyens, et le sujet a été largement débattu lors du récent Congrès des régions de France à Orléans.

Mais elle s'exprime aussi dans le choix des démarches les mieux adaptées pour remplir au plus vite les nouvelles compétences reconnues, et à venir, afin de répondre au mieux aux défis, notamment économiques et sociaux, et aux attentes des concitoyens.

À cet égard, depuis quelques mois, la notion d'expérimentation est largement mise en avant.

Expérimentation, semble-t-il, assimilée à liberté, liberté d'agir en dehors des blocages. Quels blocages : administratifs certes, mais aussi budgétaires, législatifs, culturels…

Cette volonté d'expérimentation mérite d'être clarifiée. Source irremplaçable d'innovation, elle ne peut à notre sens devenir argument de combat contre toutes les difficultés que peuvent rencontrer les Présidents de régions désireux d'avancer sur leurs domaines de responsabilité.

La question, plus largement, est bien celle de l'action qui doit être menée au service de l'ambition politique que nourrit naturellement et fort heureusement tout Président de région.

La ligne « vertueuse » Ambition / Stratégie / Action / Résultats n'a de chance de s'accomplir que si l'action s'appuie sur des démarches rigoureuses et aux effets reconnus.

L'expérimentation fait partie de ces démarches, si on en respecte les principes :

  • elle doit tout d'abord viser l'innovation, mais il ne s'agit surtout pas d’innover pour innover. Il s'agit, sur la base d’un constat d’inefficacité ou d’une recherche de résultats plus favorables, d’avoir une volonté de changement et de mettre en œuvre des pratiques différentes dont le caractère novateur s’apprécie au regard d’une situation donnée et des améliorations apportées ;
  • elle n'est, rappelons-le, que la troisième étape de la méthode expérimentale, puisqu'elle intervient seulement après l'observation, puis l'hypothèse. Hypothèse que nous raccordons pour notre part à l'objectif, qu'il soit économique, social, politique…
  • enfin, elle se caractérise par la rigueur, rigueur qui exige la répétition (confirmation) et la comparaison avec un système témoin n'ayant pas subi d'intervention.

L'expérimentation n'intervient donc que lorsque les conditions sont réunies et c'est sur cet « amont » incontournable que Régions en mouvement propose son assistance : notamment en apportant – via une analyse benchmark tournée vers les régions européennes les plus engagées sur le domaine considéré – les éléments précis qui vont favoriser la détermination des objectifs et le choix de la démarche la plus appropriée – peut-être l'expérimentation – pour obtenir les meilleurs résultats dans les meilleures conditions.

L'équipe Régions en mouvement propose aux responsables de Régions, pour leur permettre d'y réfléchir puis s'ils le décident d'y recourir, de conduire pour leur compte, sur le ou les secteurs qu'ils jugent prioritaires pour leur Région, une analyse benchmark des « bonnes pratiques » déjà tentées ou mises en œuvre dans d'autres collectivités territoriales, notamment européennes, afin de nourrir leur réflexion et d'éclairer leurs prises de décision.